Méconnue et ignorée par la plupart de la communauté Burundaise, la Fistule Obstétricale est une maladie existante causée par la complication de l’accouchement prolongé, la macrocéphalie du fœtus, et/ou parfois par le mariage précoce pour les jeunes filles ou la conception assez tardive pour les femmes âgées. Présente dans la communauté burundaise, cette maladie dont le traitement précoce rend curable fait payer une lourde amande à une femme qui l’a contractée.
Le Burundi comme tout le reste du monde n’est pas épargné au fléau de la « Fistule Obstétricale ». Les risques liés à l’accouchement sont nombreux. Parmi tant d’autres figurent la contractation des infections post-partum au niveau de la cicatrice de la mère, de l’utérus, des reins, de la vessie et la fistule obstétricale qui, par conséquent, cause la mort si le traitement retarde.
Plus de 800 femmes meurent chaque année au monde suite aux conséquences liées aux complications de l’accouchement dont la fistule obstétricale est à la hauteur du risque de la mort.
Au niveau mondial, plus de 3,5 millions de femmes souffrent de cette maladie et chaque année, on enregistre 50.000 à 100.000 nouveaux cas de la fistule obstétricale.
Le Burundi figure parmi les pays à risque de la fistule obstétricale. Les raisons de cette situation sont nombreuses.
Selon Docteur Elie Bayubahe, Médecin Directeur de l’Hôpital Bukirasazi, les mariages précoces, les conceptions tardives, le non recours aux soins médicaux des femmes enceintes et l’accouchement à domicile sont parmi les grandes raisons de l’atteinte de la fistule obstétricale.
« Si une jeune fille accouche à bas âge ou si une fille conçoit pour la première fois après plus de 35 ans, les risques d’attraper cette maladie à la suite de l’accouchement augmentent », dit Docteur Elie Bayubahe, Médecin Directeur de l’Hôpital Bukirasazi.
La macrocéphalie du fœtus, origine de la fistule obstétricale?
La macrocéphalie peut être à l’origine de la fistule Obstétricale si la mère n’a pas fait de l’échographie. Selon Docteur Elie Bayubaye, les femmes enceintes doivent faire régulièrement le dépistage recommandé par le ministère de la santé publique et de la lutte contre le SIDA pour éviter les risques qui peuvent survenir lors de l’accouchement, notamment la compression des membranes pelviennes lors de la descente de l’enfant.
Autre facteur de risques de la fistule obstétricale pour les femmes est le mariage précoce comme l’indique Docteur Elie Bayubaye. Pour lui, la majorité des cas de la fistule obstétricale est observée aux femmes ou filles qui ont eu un mariage précoce ou une malformation anatomique. Selon toujours lui, la complication qui mène à l’atteinte de cette maladie est due, pour les jeunes filles qui se marient très tôt, au fait que certains de leurs organes génitaux n’ont pas encore atteint la maturité physiologique au moment de l’accouchement. Il interpelle les parents, et même l’Etat de faire le tout possible pour alerter les conséquences liées aux mariages précoces.
Quant à lui, la majoration d’âge officiel de mariage chez les filles peut contribuer à la réduction des risques liés à la fistule obstétricale.
Autres cas de risques évoqués par Elie Bayubaye sont entre autres le travail prolongé lors de l’accouchement, les malformations anatomiques et la pathologie du périnée chez les jeunes filles ou les femmes.
Dr Elie Bayubaye n’a pas manqué à évoquer certaines conséquences qui surviennent aux femmes atteintes de la fistule obstétricale. Il indique qu’à une femme atteinte de cette maladie, il y a une perte du désir du petit ou grand besoin et des fuites urinaires et/ou fécales qui entrainent des infections et du dégagement de mauvaises odeurs. Et si le traitement retarde, Dr Bayubahe indique que cette maladie peut conduire à la stigmatisation et l’humiliation du malade par son entourage, à un recul social et/ou même au divorce.
La fistule obstétricale est-elle curable?
Dans un rapport de l’UNFPA, publié en Mai 2023, de 2010 à 2022 au Burundi, 2.945 femmes ont subi une intervention chirurgicale de la fistule obstétricale.
Ce rapport indique également qu’en 2022, au Burundi, le taux de guérison des cas de la fistule obstétricale était estimé à 92,6%.
Dr Elie Bayubaye déplore, quant à lui, la mauvaise connotation de la fistule obstétricale dans la communauté burundaise. Il indique que la fistule obstétricale est une maladie évitable, guérissable et curable comme tant d’autres. Le recours au traitement, c’est à dire avant la phase de complication, conduit à la réactivation immédiate au bon fonctionnement et communication des membranes contractées lors de l’accouchement.
Pour lui, le meilleur moyen de prévenir la fistule obstétricale est de faire le dépistage de la grossesse les 8 fois recommandées afin de s’assurer de l’état du fœtus ainsi que de la santé de la mère. Il recommande, aux femmes atteintes de cette malade, à s’adresser au centre Urumuri de Gitega ou aux autres structures sanitaires proches afin de subir un traitement avant la phase de complication.
Pour mettre fin à la fistule obstétricale, le travail n’est pas seulement à une seule personne, ajoute-t-il. L’intervention de l’Etat, des différentes organisations et des différentes personnes est également indispensable. Cela est ainsi au moment où l’extension du Centre Urumuri de Gitega inauguré le 17 Septembre 2021 reste un stimulant prometteur pour l’éradication des maladies liées à la fistule obstétricale.
Le Centre Urumuri de Gitega prend en charge les femmes ayant la fistule obstétricale afin de subir un traitement curatif assisté et gratuit.
Appelez au 22 40 40 40 si vous avez des questions ou une information à adresser au Centre Urumuri de Gitega.