Agripreneuriat et accès facile aux marchés agricoles : jamais l’un sans l’autre

L’accès aux marchés est essentiel pour l’agripreneuriat. Il influence directement la sécurité alimentaire et les revenus des agripreneurs. En se basant sur les données probantes, le Centre for Development and Enterprises Great Lakes (CDE Great Lakes) propose des solutions pour réduire les barrières d’accès aux marchés agricoles et maximiser les opportunités commerciales pour les agripreneurs burundais.

L’agripreneuriat ne peut se développer au Burundi sans accès aux marchés. Ces marchés agricoles permettent aux agripreneurs de vendre leurs produits sans dépendre des intermédiaires, qui achètent à bas prix. Et si les marchés sont trop éloignés, les coûts de transport deviennent un fardeau financier.

Au Burundi, 73,3 % des villages ne disposent pas de marché fonctionnel pour l’écoulement des produits agricoles. Une réalité préoccupante. Les provinces les plus touchées sont Mwaro et Ngozi (92 %), Muramvya (91,3 %), Bururi (88 %) et Gitega (87,5 %).

Source : Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition au Burundi (AGVSAN 2023)

Les agripreneurs doivent alors se rendre sur des marchés temporaires, souvent qui se tient une fois par semaine. Cette fréquence est insuffisante, les contraignant à envoyer leurs produits en vrac vers les villes. En moyenne, les données montrent qu’ils parcourent 6,7 km pour atteindre un marché, ce qui entraîne une perte de temps et des coûts supplémentaires. Les distances les plus longues sont signalées à Bururi (11,4 km), Rutana (11,2 km), Rumonge (9,3 km), Cankuzo et Kayanza (8,1 km).

Salomé Kwizera, agripreneuse à Nyagatovu (Ngozi), témoigne. « L’absence de marché dans notre commune réduit nos capacités de vente. Nous devons marcher trois heures pour atteindre un marché temporaire, ce qui prend parfois toute la journée pour faire un aller et retour ».

Conséquences

Faute d’accès aux marchés, l’agriculture de subsistance domine au Burundi. Environ 79,1 % des agriculteurs cultivent uniquement pour leur propre consommation, 19,9 % partagent leur production entre autoconsommation et vente, et seulement 1 % produit exclusivement pour la vente.

Source : Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition au Burundi (AGVSAN 2023)

Pistes de solutions

Améliorer l’accès aux marchés est essentiel pour faire de l’agriculture un moteur de prospérité. Pour cela, plusieurs actions sont nécessaires comme les partenariats publics-privées pour construire des marchés locaux afin de réduire les distances et faciliter l’écoulement des produits, encourager les coopératives et entreprises agricoles pour diminuer la dépendance aux intermédiaires, libéraliser les prix aux marchés pour garantir une meilleure rémunération des agripreneurs, sans oublier de faciliter l’accès aux crédits agricoles pour soutenir les investissements.

Pour transformer l’agripreneuriat en un moteur de croissance, l’accès aux marchés doit être simplifié et dynamisé. Seules des mesures concrètes permettront aux agripreneurs d’améliorer leur situation économique et de contribuer au développement du secteur agricole burundais.

Source de l’article : Centre for Development and Enterprises Great Lakes