La protection des droits et de la dignité des enfants devrait être une préoccupation partagée par tous. L’enfant a besoin d’être élevé au sein de sa famille pour s’épanouir pleinement et jouir des droits qui lui sont garantis par l’État. La Constitution du Burundi, ainsi que de nombreuses lois nationales et internationales, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les violations des droits des enfants. Certains se demandent si, en réalité, tous les individus naissent véritablement libres et égaux. Les perspectives présentées dans cet article visent à éclairer vos responsabilités et à vous encourager à devenir un défenseur actif des droits des enfants.
Selon la coutume burundaise, on dit : « Umwana si uw’umwe » (littéralement : l’enfant n’appartient pas à une seule personne). Cela signifie que l’éducation de l’enfant n’incombe pas à une seule personne. Cependant, il est évident que cette coutume se dégrade lentement, comme en témoignent les enfants vivant dans la rue, laissés à eux-mêmes, une situation potentiellement explosive qui se manifeste dans de nombreuses villes du Burundi. Par ailleurs, certains gaspillent la nourriture, la jetant dans les poubelles, alors que d’autres, animés par la solidarité, pourraient apporter leur aide à au moins un enfant vulnérable au sein de leur famille. Les besoins fondamentaux de tout être humain, à commencer par l’alimentation, l’habillement et le logement, sont essentiels. Chaque enfant, dès son plus jeune âge, a droit à l’hospitalité et à une insertion sociale légendaires, afin de bénéficier de ces besoins vitaux.
L’individualisme prend une ampleur inquiétante à travers le monde, et ses effets sont loin d’être positifs. Là où l’esprit de solidarité fait défaut, la paix est difficile à maintenir, laissant place à la guerre. Cette dernière engendre des souffrances profondes au sein des familles, notamment les enfants orphelins qui se retrouvent privés de tout. Les conséquences néfastes deviennent récurrentes, donnant lieu à des conflits fonciers et des relations marquées par la méfiance.
Que dire des enfants détenus avec leurs parents ?
Gratien NIBIGIRA : « L’affection mère-enfant est irremplaçable »
Il arrive qu’une mère incarcérée garde son enfant avec elle en prison, ou même accouche en détention. Un enfant dans cette situation se trouve pris au piège dans un environnement hostile, sans savoir à qui se confier. Dans de tels cas, le père peut récupérer l’enfant s’il est en mesure de l’assumer, ou attendre qu’il atteigne un âge plus avancé. Si ce n’est pas possible, et que l’enfant est détenu avec sa mère sans que le père ne soit connu ou présent, une personne physique ou morale peut solliciter la garde et l’éducation de l’enfant, après en avoir informé les autorités compétentes.
Gratien NIBIGIRA, Coordinateur national de l’organisation non-gouvernementale Restoration Burundi, RESTOBU en sigle, qui œuvre pour la consolidation de la paix en sensibilisant la population sur la nécessité de connaître les lois afin d’éviter les conflits inutiles, souligne que l’affection mère-enfant est irremplaçable. Toutefois, il insiste sur le fait qu’il n’existe pas d’autre solution lorsque la mère doit purger une peine longue. Il appelle le gouvernement, ainsi que les organisations caritatives, à mettre en place des centres d’accueil pour les enfants innocents grandissant dans les prisons, leur permettant ainsi d’accéder à l’éducation et à un meilleur bien-être.
Le travail des enfants, un crime négligé
Ferdinand SIMBARUHIJE : « L’enfant a le droit de grandir comme les autres, d’étudier et de vivre heureux »
Le travail des enfants demeure une réalité au Burundi. Selon le Code du travail, les enfants ne peuvent être employés dans une entreprise que s’ils ont atteint l’âge de 16 ans, tandis que l’âge minimum pour les travaux d’apprentissage est fixé à 14 ans (article 278). Cependant, il existe encore des employeurs qui exploitent la vulnérabilité des enfants pour les employer dans des travaux dangereux et à très bas âge.
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) définit le travail des enfants comme un travail qui prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et qui nuit à leur développement physique et mental. Ce travail est non seulement dangereux pour leur santé physique et mentale, mais il interfère également avec leur scolarité. C’est pourquoi la Journée mondiale contre le travail des enfants, instaurée par l’OIT, est célébrée chaque année le 12 juin depuis 2002.
« L’enfant a le droit de grandir comme les autres, d’étudier et de vivre heureux. Dès son bas âge, il a besoin de jouer avec les autres. Son épanouissement développe sa capacité à détecter ses talents et à exploiter son potentiel », déclare Ferdinand SIMBARUHIJE, porte-parole de la FENADEB.
Il est également évident que certains exploitent les enfants sous forme de travail forcé, les utilisant dans leurs foyers sous prétexte de leur fournir de l’aide. Il est urgent que la communauté, tant au niveau national qu’international, agisse pour inverser cette tendance et éradiquer le travail des enfants. Le Ministère en charge du Travail doit mettre en œuvre des mesures concrètes pour appliquer la loi n°1/11 du 24 novembre 2020, révisant le Code du travail du Burundi. Cette révision doit inclure une ordonnance définissant les travaux et les catégories d’entreprises interdites aux enfants, ainsi que les âges limites applicables à ces interdictions, conformément à l’article 280 de cette loi. Indiquent certains activistes du domaine de la protection de l’enfant.
Ces activistes indiquent également qu’il est impératif que chaque individu prenne part à la protection des droits et de la dignité des enfants et à la lutte contre l’exploitation de ces derniers.
Ce n’est pas uniquement la responsabilité des gouvernements et des associations œuvrant dans ce domaine, mais un devoir qui incombe à chacun de nous. Seule une mobilisation collective pourra changer la mentalité et assurer un avenir plus sûr et plus digne pour les enfants.