Le monde médiatique burundais fait toujours face à de nombreux manquements qui freinent son épanouissement. Cela est ressorti d’un atelier de deux jours organisé à Bujumbura du 03 au 04 mai 2023 par le CARID-RGL, le Centre d’Analyse et de recherches Interdisciplinaires sur le Développement dans la Région des Grands Lacs ayant ses bases à l’Université du Lac Tanganyika. Reportage.
A la veille de la journée mondiale de la liberté de presse, le Centre d’Analyse et de Recherches Interdisciplinaires sur le Développement dans la Région des Grands Lacs, CARID-RGL, de l’Université du Lac Tanganyika a organisé un atelier de deux jours sous le thème « Dissémination des résultats de la recherche sur les médias au Burundi ».
Ces résultats ont été réalisés sous l’appui du «Projet d’Appui à la Professionnalisation des Médias » (PAPROM) de l’Ambassade de France au Burundi. Comme l’a indiqué le Directeur de recherche du CARID-RGL lors de son mot d’ouverture, ces travaux avaient été réalisés dès le mois de février en 2022. La présentation de ces résultats émanait des recherches faites par des différents chercheurs et académiciens des différentes universités. A travers ces présentions, ces chercheurs ont essayé de passer en revue le paysage médiatique sur quelques défis et enjeux qui le hantent.
Le cahier de treize 13 articles révèle tant de coquilles qui s’observent sur la toile
Couverture d’un livret compilant les 13 articles de recherches sur les médias burundais faites par CIRID-RGL
Les différents chercheurs qui ont présenté des sujets différents ont essayé de montrer que le monde médiatique burundais fait face à des défis majeurs. Dr Jean Claude Bitsure qui a présenté son travail sur « L’analyse du processus de collecte de l’information par les médias privés burundais : cas des Radios Isanganiro, Bonesha FM et le groupe de presse Iwacu 2015-2021 » ; à travers ses recherches, il a bel et bien prouvé que les journalistes rencontrent des problèmes sur terrain car il y a des autorités surtout publiques qui n’osent pas à donner des informations qui concernent leurs structures. Une bonne partie de ces journalistes est contrainte à demander des sous couverts en provenance de ces autorités pour qu’ils puissent avoir accès aux informations. De cela, ce chercheur confirme que ces obstacles constituent une des causes qui poussent les journalistes à collecter des informations non recoupées. « Des journalistes aussi ont peur de traiter des informations liées à la politique, corruption et sécurité » ajoute -t-il.
Quant à Alice Mucowintore qui a mené ses recherches sur « Fonctionnement des médias en ligne : usages des pratiques professionnels : Cas de Jimbere Magazine et du journal Iwacu », elle déplore le cas de quelques médias qui produisent des contenus qui ne correspondent pas aux titres indiqués. De ses résultats, elle montre les défis auxquels font face les médias au Burundi. Selon elle, « il y a des médias qui attendent la production des autres médias pour les poster sur leurs sites. Cela est dû au manque des moyens de déplacements pour effectuer des descentes sur terrain. Dans ce cas, il ne fait que du copier-coller », l’idée qu’il partage avec Dr Richard Ndayishimiye. Alice Mucowintore ajoute qu’au cours de ses recherches, elle a trouvé que la plupart des médias en ligne sont pour les jeunes et sont suivis par eux. « Ces jeunes qui prestent comme journalistes pour ces derniers ne disposent pas des capacités et connaissances requises pour bien produire des contenus fiables à tous ceux qui les suivent », a-t-elle indiqué.
De la part de Dr Fiacre Muhimpundu dont ses recherches ont porté sur « Adéquation entre l’offre de formation et les besoins professionnels des médias », il est revenu au non qualification des lauréats des universités qui abritent les facultés de journalisme et de communication. De ses résultats, il montre en quoi les offres de formation en journalisme ne correspondent pas aux contextes de l’origine des étudiants qui fréquentent ces universités. De ces recherches qu’il a menées, il a conclu que le non maîtrise des TICS et le manque des outils et supports médiatiques hantent le paysage des médias burundais.
Cet imminent professeur de l’université du lac Tanganyika recommande de repenser aux offres de ces universités et aux calculas sans oublier de revoir les enseignants que regroupent ces facultés. Il a fait savoir « qu’aujourd’hui, on trouve des lacunes dans les productions médiatiques. Trop des fautes dans les productions écrites. Or le Français est et reste la langue des médias au Burundi ».
Rappelons que pour couvrir la liste de ces travaux, cet atelier s’étendait sur une période de deux journées, du 03 au 04 Mai 2023
Autofinancement des médias : un bon chemin pour pallier à leurs défis ?
Dr Concorde Dukuze: « Les médias doivent se créer les opportunités d’autofinancement »
Dr François-Xavier Murehe a souligné que même si la part des partenaires et des financements peut manquer, les médias doivent chercher d’autres moyen d’autofinancement. Selon lui, ces partenaires exigent souvent que leurs informations priment sur les murs de ses médias partenaires en contrepartie de leur financement. A la lumière de ces propos, Dr Concorde Dukuze dont les recherches se sont basées sur « Marketing des médias au Burundi : enjeux, défis et opportunités des Radios Bonesha, Isanganiro, Buja FM et Vyizigiro » donne des moyens à exploiter entre autres : Créer des canaux de publicité et des studios, des subventions, stocker les émissions de différentes organisations et les vendre. Le renforcement des contrats de partenariat gagnant-gagnant serait aussi une vraie panacée pour assurer l’autofinancement des entreprises médiatiques.
Ce cahier de treize articles regorge des recommandations de plusieurs chercheurs qui œuvrent dans le monde médiatique burundais. Ce numéro si spécial du CARID-RGL a été produit grâce au soutien du financement de l’ambassade de la France au Burundi dans le cadre du Projet d’Appui à la Professionnalisation des Médias, PAPROM en sigle. Il dresse le panorama du paysage médiatique au Burundi comme un secteur qui fait face à de nombreux défis depuis la crise de 2015.