Voyager ne donne pas toujours un air sympa. La plupart des jeunes aiment voyager et/ou migrer d’un lieu à un autre à la découverte de là où la vie est meilleure. Force est de constater que, parfois, cela ne se passe pas comme prévu. Le témoignage de *Darcy est l’un de plusieurs exemples de ces cas où l’affaire se termine mal chez le migrant ou le voyageur (*le nom a été modifié pour les raisons indépendantes de notre volonté).
A l’ère de mondialisation, toute personne veut se sentir voyageant et s’épanouir partout où elle veut si les conditions le lui permettent. Il y a celles qui quittent leurs pays dans le but de se divertir, de travailler, de poursuivre les études ou encore de participer aux réunions. Tous n’ont pas les mêmes chances quand ils décident de se lancer dans cette aventure.
Le témoignage de *Darcy
Depuis mon enfance, j’avais l’envie de découvrir un monde autre que mon pays natal. L’évolution de la technologie a rendu la planète étroite et accessible grâce à l’information. Atterrir dans une terre promise, oui. Je me demandais toujours comment y arriver alors que je suis d’une famille modeste. Un seul moyen qui me faisait espérer à y parvenir était d’étudier d’arrache-pied afin d’accroitre les chances d’obtenir une bourse d’étude en cas d’excellence. L’autre option était l’espoir, l’espoir de pouvoir trouver, un jour, un ami pouvant m’aider à concrétiser mon rêve.
Une sournoise amitié
J’ai un jour révélé mon souhait de voyager ou de migrer à mon ami *Eric qui a un grand frère à Dubai où il entreprend ses affaires depuis quelques années. Il m’a montré que j’avais tardé de lui signaler en me dévoilant que son frère a déjà aidé même les autres jeunes qui voulaient aller y travailler. Suite à mon désir de voyager et mon intention de trouver un emploi décent, je ne pouvais pas y réfléchir longuement.
Cet adage burundais m’encourageait aussi : « Uwutaratembera yibwira ngo iwabo bacumba buto» (Littéralement : « Qui n’a jamais voyagé croit que sa mère est la plus mauvaise cuisinière ») ou encore « Akanyoni katagurutse ntikamenya iyo bweze » (Littéralement ; « L’oiseau ne peut pas identifier là où la moisson est prête sans voler ».
Il me pressait à jamais en disant que si j’allais trainer, ma place risquerait d’être occupée par une autre personne. Je m’apprêtais ainsi à chercher les moyens nécessaires pour toutes les démarches : passeport, le ticket d’avion, visa et autres documents exigés pour quitter le pays légalement. J’ai collecté les maigres moyens que je possédais sans combler la somme qu’il fallait. J’ai vendu tous mes moutons, en vain. Je songeais à faire recours aux appuis et emprunts envers mes amis et connaissances. Je ne m’inquiétais en aucun cas en raison de la confiance que je réservais à mon ami qui était prêt à me pousser vers un autre monde. Par ailleurs, notre amitié était inégalable.
Une aventure mêlée de déception
Le jour impatiemment attendu de départ est arrivé. C’était un miracle pour moi de m’asseoir dans un avion pour la première fois. C’est à l’arrivée au lieu de destination (Dubai) que j’ai vécu un calvaire plus aigu. N’eût été mes notions en langue anglaise qui y est parlée couramment pour m’orienter, je me serais sans doute évadé. Impossible de trouver le grand frère de mon ami sur téléphone. Un coup dur pour moi dans un nouveau monde. Mon ami, quant à lui, m’a finalement dit qu’il me faut m’adapter, que je ne suis pas une gosse pour ne pas me débrouiller. Mais je me réconfortais parfois vu que l’objectif de découvrir un monde inhabituel était déjà atteint. La question de parvenir au lieu de travail est devenue une équation à plusieurs inconnues.
Lorsque je suis arrivé dans un endroit de travail, j’ai croisé les autres personnes originaires notamment des pays arabes. Je ne partageais pas les misères avec eux puisqu’ils s’étaient habitués à toutes les conditions de vie là-bas. J’ai regardé à gauche et à droite, je n’apercevais personne similaire à moi corporellement ou oralement. L’idée m’est venue de chercher l’adresse de l’ambassade et présenter les conditions de travail auxquelles j’étais heurté. L’effet de son intervention a été positif sinon ma vie risquée d’être sacrifiée. J’avais peine à manger s’ils ne sentaient pas la pitié de laisser la nourriture après s’être rassasiés.
Si l’histoire nous raconte les misères qu’ont vécues nos ancêtres, les travaux pénibles que nous exercions avec un salaire dérisoire témoignaient une étroite liaison entre ces moments -là et les moments de l’esclavage. Je m’interrogeais si j’avais été vendu sans le savoir.
La rentrée bredouille
La situation de mon séjour s’est empirée vers l’expiration de mon visa au moment où je ne m’étais pas encore établi parfaitement pour pouvoir le renouveler. Il n’y avait aucun autre choix que regagner mon pays natal. J’ai enfin constaté que mon soi-disant ami et son collaborateur (son soi-disant grand-frère) n’avaient que l’intention de me dérober mon argent. Ces moments obscurs que j’ai traversés m’ont appris qu’une personne sans amitié vaut mieux qu’un ami hypocrite, animé d’un esprit de cupidité que d’entraide mutuelle.